L’interdiction du port du katana de l’ère Meiji en 1876, puis l’interdiction d’après guerre par l’armée américaine de la pratique des budo comme le kendo 剣道 et le iaido 居合道, avait mis en péril des siècles de savoir et de transmission au Japon.
En 1948, une fédération de iaido est créée puis en 1952, une fédération nationale de kendo, la Zen Nihon Kendo Renmei (ZNKR ou ZKR), 全日本剣道連盟, à laquelle fut rattaché le iaido.
L’art du sabre était sauvé mais encore fallait-il lui redonner un certain dynamisme pour perdurer et l’ouvrir à de nouvelles frontières.
Le Seitei iai, 制定居合, a ainsi vu le jour en 1968 sous l’impulsion du ZNKR, lorsque douze professeurs issus de différentes écoles de iaido (Musō Jikiden Eishin-ryū, Musō Shinden-ryū et Hoki-ryū), se sont réunis pour codifier 7 kata qui seraient pratiqués par toutes les écoles. Ceci avait pour but principal de permettre une approche plus accessible à la double pratique du iaido et du kendo mais aussi d’ouvrir au monde entier la pratique d’un art du sabre périclitant.
La création de ces 7 kata codifiés, construits sur les techniques de base d’écoles différentes, fut accompagnée d’un manuel décrivant la pratique du Seitei iai, son étiquette, ses kata détaillés, les attentes du jury lors des passages grades, etc.
Ce manuel fut retravaillé en 1972 afin de clarifier et de simplifier plusieurs points, puis en 1980, 3 nouveaux kata furent ajoutés au 7 précédents. La réussite de ce manuel permit d’attirer de nouveaux pratiquants dans un iaido devenu international, les grands maîtres japonais distillant leur savoir aux professeurs et élèves des autres pays.
En 2001, 2 nouveaux kata furent ajoutés à la liste pour donner la série de 12 kata que nous connaissons aujourd’hui. Le manuel du Seitei iai fut mis à jour à plusieurs reprises et constitue pour les sensei japonais une base indiscutable de la bonne pratique du iaido et des efforts attendus pour réussir les passages de grades. La dernière mise à jour du manuel (japonais) a eu lieu en 2014. Des séminaires sont organisés de part le monde, notamment en Europe, où les sensei japonais s’assurent de la bonne transmission du Seitei iai.
Il serait une erreur de considérer que les kata Seitei iai sont restés totalement inchangés depuis leur création. Il s'agit d'un ensemble vivant qui a évolué au fil du temps. De l'avis de nombreux professeurs, une évolution qui s'est faite dans le bon sens avec des techniques qui ont mûri vers une meilleure logique et (efficacité).
LES 12 KATA DU ZNKR IAI
Aujourd’hui le Seitei iai 制定居合 (iai qui a été décidé) se nomme généralement le ZNKR iai 全日剣連居合 (iai du ZNKR) mais les 2 appellations sont usitées couramment. C'est une base commune, largement pratiquée, qui a pour objectif de proposer un ensemble cohérent d'apprentissage couvrant divers aspects du Iai. C'est toutefois une vision du Iaido influencée à ses origines par le Kendo (> We're doing kendo par Kim Taylor sensei) qui ne doit pas être considérée comme la seule possible. D'autres visions existent, notamment au travers des Koryû (école ancienne).
Le iaidô est un art martial japonais qui utilise le sabre long (katana).
Il consiste à dégainer et frapper dans le même mouvement un adversaire, avec l'intention de le trancher. Il se pratique seul par le biais de kata. Il est en étroite relation avec le zen, et est basé sur trois éléments inséparables, méditation, coordination et étiquette. Cette discipline est une véritable école de formation morale et physique, qui recherche la perfection du geste au travers de la pratique.
TECHNIQUES EN SEIZA 1 - IPPON ME - MAE
Devant : 1 ennemi devant soi en seiza
Quand vous sentez les intentions agressives de la personne en seiza face à vous, anticipez en dégainant et en la coupant (nukitsuke) de sa tempe droite à son oreille gauche avec la pointe du sabre (kissaki), puis avancez en restant menaçant (seme) avec la pointe du sabre dirigée vers son visage pour déséquilibrer votre adversaire, ce qui vous permet d’armer au-dessus de votre tête (furikaburi) et de faire une grande coupe de haut en bas (kirioroshi).
TECHNIQUES EN SEIZA 2 - NIHON ME - USHIRO
Derrière : 1 ennemi derrière soi en seiza
Quand vous sentez les intentions agressives de la personne en seiza derrière vous légèrement sur votre droite, anticipez en dégainant en effectuant un demi- tour et en la coupant (nukitsuke) de sa tempe droite à son oreille gauche avec la pointe du sabre (kissaki), puis avancez en restant menaçant (seme) avec la pointe du sabre dirigée vers son visage pour déséquilibrer votre adversaire, ce qui vous permet d’armer au-dessus de votre tête (furikaburi) et d’exécuter une grande coupe de haut en bas (kirioroshi).
TECHNIQUES EN SEIZA 3 SANBON ME - UKE NAGASHI
Parer et couper : 1 ennemi debout à gauche, parer l'attaque
Lorsque la personne située sur votre gauche se lève soudainement avec l’intention de vous faire kirioroshi, parez son attaque (ukenagash)i avec le shinogi de votre sabre et exécutez kirioroshi en kesa. Avant de commencer le kata, pivotez d’un 1⁄4 de tour vers la droite (le shomen est à votre gauche) et asseyez-vous en seiza.
TECHNIQUE EN IAIHIZA 4 YONHON ME - TSUKA ATE
Frapper avec la tsuka gashira : 2 ennemis – devant et derrière, frappe au plexus
Vous sentez l’intention d’attaquer des adversaires assis devant et derrière vous. Percutez le plexus solaire de l’adversaire qui est face à vous avec la tsuka gashira, puis percez (estoc) le plexus solaire du second situé derrière vous, et enfin, revenez de face pour exécuter un kirioroshi sur le 1er attaquant. Face au shomen, asseyez-vous en iaïhiza1. Placez rapidement les deux mains sur le sabre (main droite sur la tsuka et main gauche saisissant la saya juste sous la tsuba), montez les hanches, prenez un appui ferme sur le pied gauche bien aligné dans l’axe du genou gauche et redressez les hanches. En même temps, posez le pied droit devant la hanche droite, sortez le sabre avec les deux mains, le sabre encore dans la saya. Percutez le plexus de l’adversaire face à vous avec la tsuka gashira.
TECHNIQUES DEBOUT 5 GOHON ME - KESA GIRI
Couper en diagonale : 1 ennemi face à soi, dégainer vers le haut
Lors de votre marche un adversaire s’approche de vous pour vous attaquer. En continuant votre déplacement, réalisez rapidement une coupe montante en kesa du bas vers le haut sur l’adversaire, puis exécutez kirioroshi en kesa (coupe descendante oblique). Avancez d’un pas par le pied droit. Au moment d’avancer le pied gauche, placez les deux mains sur le sabre (main droite sur la tsuka, main gauche sur la saya). Dégainez le sabre en orientant la saya par une rotation externe de la main gauche (hasaki vers le bas). Dès la pose du pied droit au sol (3ème appui), coupez votre adversaire en montant de la hanche droite à l’épaule gauche (kesa) avec la seule main droite.
TECHNIQUES DEBOUT 6 ROPPON ME - MOROTE TSUKI
Piquer des deux mains : 3 ennemis, devant & derrière, pique à 2 mains
Lors de votre marche, trois adversaires, deux vous faisant face et le troisième derrière vous, vous attaquent. Le premier à attaquer étant l’un de ceux qui vous fait face, vous anticipez sur son attaque en le coupant en diagonale (naname) de sa tempe droite à son menton, puis vous l’achevez par un tsuki au plexus solaire avec les 2 mains. Vous faites demi-tour pour couper l’adversaire derrière vous en kirioroshi et effectuez à nouveau un demi-tour pour réaliser la même coupe sur le dernier ennemi, le 3ème. Avancez d’un pas par le pied droit, puis au moment où le pied gauche se lève pour avancer, commencez à monter les mains pour saisir à deux mains le sabre que vous sortez en poursuivant votre déplacement. Tout en dégainant, continuez à avancer. Lorsque le pied droit se lève pour le troisième pas, effectuez sayabanare en orientant la saya avec le hasaki vers l’extérieur. Ceci vous permet d’amener le monouchi sur la tempe droite de votre ennemi et d’exécuter la coupe avec le fumikomi et le sayabiki.
TECHNIQUES DEBOUT 7 NANAHON ME - SANPO GIRI
3 Ennemis, devant, à droite, à gauche, coupes dans 3 directions
Opposé à trois adversaires, Uke coupe le crâne du premier adversaire à sa droite. Il pivote rapidement vers celui qui se trouvait à sa gauche, pour le pourfendre verticalement, puis face au troisième, également…
TECHNIQUES DEBOUT 8 HAPPON ME - GAN MEN ATE
Tsuki au visage : 2 ennemis – devant & derrière, frappe au visage
Alors que vous marchez, vous sentez une intention d'attaquer de deux personnes, l'une située devant vous, l'autre derrière. Percutez avec la tsuka gashira le visage de l'adversaire face à vous, ensuite percez (estoc) le plexus de l'adversaire situé derrière vous, puis exécutez kirioroshi sur le premier adversaire.
Avancez de trois pas en commençant par le pied droit. Sur le deuxième pas, saisissez le sabre avec les deux mains (main droite sur la tsuka, main gauche sur la saya). Sur le troisième pas, percutez l'adversaire entre les yeux avec la tsuka gashira en dégageant solidairement sabre et saya du obi et en tenant le tout fermement avec les deux mains. L'atemi se fait en kikentai no itchi1, avec le travail des hanches et donc le déplacement en fumikomi. Commencez à tirer la saya en arrière sans bouger le sabre, puis quand la saya arrive en bout de course dans le obi, tournez les hanches sur la gauche et finissez de sortir le sabre, celui-ci étant très près du corps. Décalez le pied gauche en même temps que vous placez le sabre à l'horizontale, le hasaki orienté vers l'extérieur. Sans attendre, avancez, percez le plexus/estomac de l'adversaire en allongeant le coude droit et sans balancer le buste.
TECHNIQUES DEBOUT 9 KYUHON ME - SOETE TSUKI
Piquer mains jointes : 1 ennemi à gauche, pique avec la main gauche sur le mune
Lors de votre marche, une personne surgit sur votre gauche avec l'intention de vous attaquer. Anticipez en dégainant votre sabre et coupez-le en diagonale (kesa) depuis son épaule droite. Puis, enfoncez le sabre dans son abdomen en faisant un pas vers l'avant. Avancez en commençant par le pied droit. A la pose du pied gauche, tournez la tête pour regarder votre adversaire sur votre gauche en plaçant les deux mains sur le sabre. Continuez d’avancer d’un demi-pas avec le pied droit (le pied reste orienté vers l’avant lorsqu’il se pose), pivotez (sur les points yusen) de 90° sur la gauche pour faire face à votre ennemi tout en dégainant votre sabre avec une menace de la tsuka gashira vers son visage. Faites un pas en arrière avec votre pied gauche et ouvrez un peu le haut du corps vers la gauche, tout en effectuant une coupe en kesa depuis son épaule droite jusqu'au côté de l'abdomen.
TECHNIQUES DEBOUT 10 JUPPON ME - SHIHO GIRI
4 ennemis en angle droit 4 directions
Uke est entouré de quatre adversaires. Il vient écraser les doigts de celui qui se trouve sur sa droite (en diagonale), avant de perforer la poitrine de celui qui est à sa gauche (en diagonale) et revenir pourfendre verticalement le premier adversaire. Idem vers le troisième à sa droite et encore vers le dernier, après s’être retourné…
TECHNIQUES DEBOUT 11 JU IPPONME - SOGIRI
1 ennemi devant soi 5 Coupes
Uke et Tori marchent à la rencontre l’un de l’autre. Uke pare la coupe adversaire en effectuant une impulsion arrière puis contre-attaque en coupant 3 fois diagonalement Tori, puis horizontalement et verticalement pour terminer…
TECHNIQUES DEBOUT 12 JU NIHON ME - NUKI UCHI
Dégainer soudainement : 1 ennemi devant soi, Dégainer en reculant
La personne face à vous vous attaque soudainement en kiri oroshi. En reculant d'un pas, vous vous effacez devant son attaque tout en dégainant votre sabre, puis vous avancez et vous la coupez en faisant kiri oroshi à votre tour. Face à votre adversaire, saisissez dès son attaque votre sabre avec les deux mains (main droite sur la tsuka, main gauche sur la saya). Reculez d’un pas avec le pied gauche tout en dirigeant votre sabre vers le haut. Pendant que vous ramenez le pied droit près du gauche, en veillant à conserver la largeur des hanches, dégainez le sabre avec la main droite et amenez-le au-dessus de votre tête (furi kaburi).
SALUT DE FIN
IAIDO KATA SEITEI 01-0_12
SEITEI-MAE - MODERN IAIDO
COMMENT JE METS MON UNIFORME
C'est ainsi que j'ai enfilé mon uniforme de iaido avec des conseils supplémentaires spécifiquement pour la dame iaidoka. Je pratique le Muso Jikiden Eishin Ryu iaido depuis 2003 et je vis actuellement au Japon. La façon dont je m'habille de mon montsuki et de mon hakama a évolué au fil des ans, et je voulais partager cette information...
LES ASPECTS MENTAUX
Bien que les adversaires ne soient qu’une vue de l’esprit, un kata ne saurait se résumer à une simple danse parfaitement exécutée. Par son esprit (気 ki), sa volonté (心 kokoro), son regard (目付け metsuke), son attitude (攻め seme, 残心 zanshin), il faut parvenir à faire « exister » ces adversaires imaginaires (仮想敵 kasôteki) et réellement exprimer le combat. Il s’agit sans doute d’une des difficultés principales du iaido.
Il s’agit sans doute d’une des difficultés principales du iaido car cette expression réaliste d’un combat implique le principe du 不動心 fudoshin (l’esprit immuable à la fois libre de toute fixation et toujours alerte) mais le iaido implique aussi une concentration extrême, d'abord pour appliquer avec rigueur et précision l’ensemble des points de détails, ensuite pour faire exister les adversaires.
Kim Taylor sensei (7e dan kyoshi) parle même d'un 公案 kôan. Un kôan est un paradoxe dans la pensée bouddhique, il s'agit d'un exercice de réflexion, un questionnement de sa compréhension des choses, permettant de parvenir à l’éveil. C’est à chacun de trouver une solution à ce paradoxe.
Le terme « iaïdô » apparaît pour la première fois au Japon en 1932, afin de poser un cadre à la sauvegarde des théories et pratiques du Japon féodal, après la restauration de l’ère Meiji en 1868. Il signifie littéralement « La voie de l’être en harmonie ».
Le iaïdô moderne est créé en 1968 au Japon par la Confédération des Arts du Sabre (Zen Nippon Kendo Renmai ou ZNKR), et compte aujourd’hui 12 katas officiels. Ces katas sont des créations épurées d’anciens scénarios de combat, qui forgent le corps et aiguisent l’esprit du combattant. Toutes les années, un comité d’experts japonais de la ZNKR se réunit et discute des cohérences de ces formes artificielles, de leur représentativité dans un combat imaginaire.
Comme tous les arts japonais, la progression s’effectue par grades, appelés Dan (le premier Dan est communément appelé ceinture noire). Ils vont de 1 à 8, le grade de 10ème Dan étant réservé au fondateur de l’école.
ORIGINE FEODALE DU IAIDO
Les techniques de maniement du sabre sont aussi anciennes que la première lame forgée. Le terme le plus ancien pour désigner les techniques de guerre est « kenjutsu », littéralement « technique de sabre ». Jusqu’à l’époque Sengoku, les guerriers s’entrainent au maniement du sabre déjà dégainé, car on n’arrive pas sur un champs de bataille avec sa lame au fourreau ! L’évolution du kenjutsu a donné le kendô aujourd’hui.
Durant la deuxième moitié du 16ème siècle, ou au début du 17ème siècle (les sources divergent), alors que les guerres se terminent, le iaijutsu fait son apparition, fondé par Hayashizaki Jinsuke Shigenobu (1542 – 1621). Il s’agit d’un ensemble de techniques de manipulation du sabre avec son fourreau. Le guerrier devient artiste martial, et délaisse l’armure pour un kimono.
À partir de ce style racine, de nombreux maîtres d’armes ont développé leurs propres techniques et styles, appelés au Japon « Koryu ». Si de nombreux Koryu sont tombés dans les oubliettes de l’Histoire, certains ont survécu jusqu’à notre époque, en se transmettant de génération en génération, et se disséminant à travers le monde.
L'histoire du sabre japonais.
Les premières armes apparaissent au Japon dès la période Yayoi, à partir de 300 avant J.C.
Le Nihontō, ou sabre Japonais est née d'une volonté d'amélioration purement technique. Mais il s'avère que les épées ont en effet été considérées comme des pièces d'art respectées très tôt dans l'histoire du Japon. Les premières lames (Jōkotō) constituaient aussi des objets d'adoration.
De l'épée au sabre il y a une grande différence (l'épée est à deux tranchants alors que le sabre est à un seul tranchant) et le sabre Japonais ou katana tel que nous le connaissons a vu son ancêtre apparaître au milieu de la période Heian (794-1099) avec les premiers sabres appelés Jōkotō.
Les premières courbures apparaissant cependant vers la moitié de l'ère Asuka (645) avec en particulier le forgeron Amakuni à partir de 700 (Une des figures principales de la forge japonaise, créateur du tachi). Il existe alors de nombreux types de Jōkotō : les tsurugi (jian), warabite no tashi, tosu et surtout les tachis, parents directe du katana.
La forge se développe énormément à cette période. les pouvoirs du gouvernement diminuent en faveur des clans qui scindent le Japon. De nombreuses guerres apparaissent et expliquent donc ces innovations techniques. Bien qu'on trouve alors de nombreux Jōkotō de mauvaises qualités (techniques de chauffe sans doute mal réalisées, et métaux de mauvaise qualité) il existe quelques sabres d'exception qui n'ont rien à envier aux katanas moderne.
Le Japon a vécu pendant plus de 12 siècles dans un régime féodal qui sera défait par ses propres acteurs. En moins de dix années, les clans de Satsuma, Chōshū et Tosa unis dans un même élan se débarrassent du gouvernement des Tokugawa et rétablissent l’autorité de l’empereur. Placé sous la bannière proclamant la vénération de l’empereur, halte aux barbares (sonno joi), et inspiré des écrits de Motoori Norinaga, chantre de la supériorité spirituelle du Japon, le mouvement pour la Restauration de Meiji va transformer un pays arriéré et féodal en l’une des plus grandes puissances mondiales du 20e et du 21e siècles.
Cette révolution commence en juillet 1853 quand la flotte de l’amiral Perry mouille dans la baie d’Edo (aujourd’hui Tokyo) et exige du gouvernement japonais la fin de sa politique d’isolement vieille de 250 ans et l’ouverture du pays au commerce international. En février 1854, le shogunat signe un traité autorisant l’ouverture de deux ports aux navires de commerce américains. Très vite, la présence étrangère est notée dans divers ports et diverses villes, donnant naissance à un mouvement d’opposition à la capitulation du gouvernement en place et de support de l’Empereur se trouvant à Kyoto.
Les jeunes samouraïs des clans de Satsuma et Chōshū comprirent vite que la seule façon de contrecarrer la supériorité étrangère était d’adopter des méthodes radicalement nouvelles et de s’ouvrir à la modernisation du pays. Ils décidèrent d’abandonner toute velléité de xénophobie et de conservatisme pour devenir les pionniers d’une révolution militaire et sociale. Par conséquent, la classe des samouraïs et le privilège que représentait le port du sabre furent abolis en 1876. L’« esprit du sabre » ne devait pourtant pas disparaître et il a pu nous être transmis grâce aux efforts de Nakayama Hakudō Sensei, son enseignement et sa forme de travail appelée Musō Shinden Ryū Battō-jutsu.
Caricature d’un bateau du Commodore Perry
Le sabre japonais, dans la forme et le style que nous lui connaissons aujourd’hui date probablement du 8e siècle. Selon la légende, le premier Nihon-tō aurait été fabriqué par un forgeron de la province de Yamato, au service de l’Empereur et appelé Amakuni. Les sabres les plus anciens qui nous sont parvenus datent toutefois du 10e siècle.
L’art de la forge au Japon s’est développé sur plusieurs centaines d’années pour atteindre son apogée pendant la période de Kamakura (1192-1336) avec l’école de forgerons de Chōshū.
Après 1603, date à laquelle commence l’ère Edo dominée par le shogunat des Tokugawa et qui constitue une longue période de paix, le sabre perd l’essentiel de sa valeur en tant qu’arme et voit sa qualité se dégrader au fur et à mesure que l’accent est mis sur l’esthétique et non sur l’usage pratique.
Bataille de Sekigahara (Oct. 1600)
Le mot samurai vient du verbe « saburau » qui signifie « servir ». En effet, les samurais étaient des hommes au service des archers à cheval qui, au 10e et au 11e siècles, constituaient l’élite de la classe des guerriers. Peu à peu, ces samurais prennent le contrôle du pays et en 1192 établissent le premier gouvernement bafuku (militaire) à Kamakura. Ce type de gouvernement va se traduire par la relégation de l’Empereur à un rôle limité aux affaires de la cour à Kyoto, rôle qu’il conservera jusqu’à la Restauration de Meiji en 1868.
Pendant le 15e et le 16e siècles, le pays est ravagé par une guerre civile qui oppose les divers seigneurs locaux luttant pour le contrôle du pays et qui se termine sur le triomphe des Tokugawa, le transfert du bafuku à EDO et l’établissement d’une période de paix autocratique.
Le régime autoritaire imposé au pays par le shogunat des Tokugawa allait avoir un impact majeur sur la classe des samourais. Jusqu’alors, les samourais étaient principalement des guerriers. Après 1603, ils se transforment progressivement en bureaucrates dominant un système social à quatre niveaux basé sur le principe de service et d’obéissance. Le samourai justifie désormais son statut et définit l’aspect spirituel de l’esprit du guerrier par le recours à la philosophie de Confucius.
Sujibachi Kabuto avec Menpō (demi masque)
La pratique du sabre semble s’être effectuée, de tout temps, selon deux principes, ken-jutsu et iai-jutsu.
Le ken-jutsu (ou encore heihō, kenpō, tōhō, gekken, tōjutsu, tachiuchi, hyodō…. selon l’époque et l’école), est l’art du maniement du sabre une fois celui-ci dégainé, tandis que le iai-jutsu est l’art de dégainer le sabre et de couper dans un même mouvement.
Avec l’avènement de la période de paix d’Edo, le sabre perd sa fonction principale. Le daitō (sabre long porté suspendu sur le côté), est raccourci à une longueur d’environ 60 cm pour sa partie tranchante et les samourais commencent à porter le sabre en le plaçant dans la ceinture du kimono, contre la hanche. En conséquence, la manière de dégainer le sabre va changer.
Exemple de daitō ou tachi
Du 8e siècle à la fin du 15e siècle, alors que les guerres dites d’Ōnin font rage, les styles de combat au sabre les plus sophistiqués se multiplient. Toutefois, on ne sait que très peu de choses des diverses écoles de ken-jutsu et iai-jutsu qui ont précédé la période d’Edo. Le développement du iai-jutsu (ou battō-jutsu, tachiuchi, battō, iaido) est attribué à Hayashizaki Jinsuke Shigenobu (environ c. 1546-1621), originaire de la province de Sagami où sont nés quelques-uns des plus grands forgerons du Japon.
À l’âge de vingt-cinq ans, Jinsuke Shigenobu aurait voyagé à Ōshū, dans le nord du Japon, où il aurait été frappé d’une inspiration divine en priant Hayashi Myōjin une divinité honorée au sanctuaire de Hayashizaki. Cet aspect spirituel joue un rôle important dans la création du style de battō-jutsu de Jinsuke. On dit qu’en 1616 il aurait entrepris un autre voyage dont il ne revint jamais.
D’abord nommé Shimmei Musō Ryū, l’art de dégainer le sabre créé par Junsuke fut rebaptisé
Shin Musō Hayashizaki Ryū et donna naissance à de multiples formes de battō-jutsu avant de devenir le style Musō Shinden Ryū qui est arrivé jusqu’à nous. Les techniques originales qu’il inventa et enseigna nous sont inconnues mais il est probable qu’elles étaient simples, fonctionnelles et conçues dans une optique défensive.
Statue of Hayashizaki Jinsuke Shigenobu
Dans son histoire de l’enseignement du sabre, Donn Draeger précise que la lignée du ryū se poursuit par une succession logique de sōke (grand maître) jusqu’au onzième d’entre eux :
Fondateur
Hayashizaki Jinsuke Shigenobu
2e sōke
Tamiya Heibei Shigemasa
3e
Nagano Muraku Nyūdō Kinrōsai
4e
Momo Gumbei Mitsuhige
5e
Arikawa Shōzaemon Munetsugu
6e
Banno Daemon no Jō Nobusada
7e
Hasegawa Chikaranosuke Eishin (Hidenobu)
8e
Arai Seitetsu Kiyonobu
9e
Hayashi Rokudayū Morimasa
10e
Hayashi Yasudayū Seisho
11e
Ōguro Motoemon Kiyokatsu
À la mort du onzième sōke, la direction de l’école se scinde en deux branches principales : Shimomura-ha et Tanimura-ha. La première semble avoir été à l’origine du style dit Musō Shinden Ryū et la deuxième aurait constitué la base de Musō Jikiden Eishin Ryū
Shimomura-ha
Tanimura-ha
12e
sōke
Matsuyoshi Teisukee (Shinsuke) Hisanari
12e
sōke
Hayashi Masu no Jō Masanari
13e
Yamakawa Kyūzō Yukikatsu (Yukio)
13e
Yōda Manzo Yorikatsu
14e
Shimomura (Tsubouchi) Mōichi (Seisure) Sadamasa
14e
Hayashi Yadayū Masayori
15e
Hosokawa (Gishō) Yoshimasa (Yoshiuma)
15e
Tanimura Kame no J ōYorikatsu
16e
Nakayama (Hakudō) (Yūshin) Hiromichi
16e
Gōto Magobei Masasuke
17e
Ōe Masamichi (Shikei)
Nakayama n’a nommé aucun successeur.
La succession est incertaine ou contestée.
Fatalement, l’art de Junsuke va être considérablement modifié par ses divers successeurs et presque tous les maîtres qui ont suivi ont développé leur propre style et même parfois créé une nouvelle école à part entière.
Le premier successeur de Jinsuke Shigenobu – Tamiya Heibei Shigemasa – est le fondateur de l’école Battō Tamiya Ryū qui a donné naissance à une formidable lignée de guerriers au service des familles Ikeda et Tokugawa.
Nagano Muraku Nyūdō Kinrōsai, le troisième successeur est le créateur de l’école Muraku Ryū. Quant au septième successeur, Hasegawa Chikara no Suke Eishin, lui-même élève de l’école Hayashizaki Ryū sous la direction de Nobusada, à Edo, pendant l’ère Kyōhō (1716-1735), il est connu pour sa maitrise exceptionnelle dans le maniement du sabre. Il a développé de nombreuses techniques et il serait le premier à avoir créé des techniques exécutées tranchant du sabre tourné vers le haut. Après son retour dans la province de Tosa, il crée l’école Musō Jikiden Eishin Ryū dont l’enseignement se poursuit encore aujourd’hui. L’art du sabre dans la conception de Eishin allait constituer un aspect vital dans la formation des guerriers de Tosa qui allaient jouer un rôle essentiel dans le renversement du shogunat des Tokugawa.
Le neuvième sokei, Hayashi Rokudayu Morimasa, au service du quatrième chef provincial (hanshu), Yamanouchi Toyomasa, etait un élève de l’école Shinkage Ittō Ryū. Pendant un séjour à Edo, il étudia les techniques de l’école Shimmei Musō Ryū sous la direction du huitième successeur, Arai Seitatsu Kiyonobu. Il étudia également sous la direction de Ōmori Rokurozaemon Masamitsu, le fondateur de l’école Ōmori Ryū. Il appliqua le système seiza (position à genoux formelle) du protocole (reishiki) de l’école Ogasawara Ryū aux techniques de Eishin agencées conformément aux saya-no-uchi battō gohon, les cinq formes des techniques de dégainage du sabre de l’école Yagyū Shinkage Ryū, Masamitsu mit au point onze techniques que, plus tard, Hayashi Morimasa inclura dans l’école Musō Jikiden Eishin Ryū. Ces techniques constituent la série Shoden Ōmori Ryū.
Après la restauration de Meiji et la fin du shogunat, la culture martiale classique allait connaître un renouveau à la suite des guerres sino-japonaise (1894-95) et russo-japonaise (1904-05). L’art du maniement du sabre retrouva une valeur éducative, mais cette fois pour une partie beaucoup plus large de la population japonaise.
Le seizième maître du Shimomura-ha se nommait Nakayama Hakudō (Hiromichi). Originaire de la préfecture d’Ishikawa, il pratiqua assidument les divers aspects de l’art du maniement du sabre : iai-jutsu (battō-jutsu), ken-jutsu et gekken (kendō). Il étudia dans diverses écoles, notamment Ōmori Ryū, Muraku Ryū et Muso Jikiden Eishin Ryū dans la province de Tosa, sous la direction de Hosokawa Yoshimasa, le quinzième maître du Shimomura-ha. Il étudia également sous la direction de Morimoto Hoskushin du Tanimura-ha. Par ailleurs il travailla avec Terai Ichitarō de l’école Shindō Munen Ryū et avec Negishi Shingorō de l’école Yamaguchi Ittō Ryū.
Ce travail assidu et cet engagement total conduisirent Nakayama Hakudō à développer son propre style de maniement du sabre qu’il nomma (en 1932) Musō Shinden Ryū Battō-Jutsu.
Il ajouta une nouvelle technique aux onze techniques de Ōmori Ryū avant que Ōe Masamichi Shikei, le dix-septième maître du Tanimura-ha, leur donne un nouveau nom et les regroupe sous l’appellation de shoden ou premier niveau d’étude des styles Musō Shinden Ryū et Musō Jikiden Eishin Ryū. Dix autres techniques empruntées à l’école Musō Jikiden Eishin Ryū furent codifiées pour former chūden, le deuxième niveau d’étude. Un troisième niveau appelé okuden ou enseignement « secret» fut développé à partir du style d’enseignement de Jinsuke appelé oku-iai ou « (entrée dans le) secret (du) iai ».
Nakayama Hakudō
Nakayama Sensei donna à son style le nom de battō-jutsu, ou école de maniement du sabre, alors que l’ancienne terminologie parlait de iai-jutsu. Ce n’est que dans les années 1950 que les élèves de Nakayama Hakudō commencèrent à utiliser le mot iai-dō. Chiba Kazuo, un aikidoka 8ème dan, qui fut lui-même élève de Mitsuzuka Takeshi, enseignait les principes du maniement du sabre sous le nom de battō-hō.
Mitsuzuka Takeshi était un pratiquant de kendō quand, au début de l’année 1955 il assista à une démonstration de iai-dō donnée par Nakayama Hakudō. Il devint alors son élève et le resta jusqu’à la mort de Nakayama Sensei.
Mitsuzuka Sensei était un 8ème dan Hanshi de la Fédération Japonaise de Kendō/Iai-dō ; il est également hautement gradé en Kendō et Jodō.
Il a fondé son propre groupe, appelé San Shin Kai, au début des années 1970 et il enseignait dans le dojo du commissariat de Yotsuya à Tokyo.
Mitsuzuka Sensei a également dirigé de nombreux séminaires en France et aux États-Unis.
Mitsuzuka Takeshi
FORGERON DE KATANA
Certain forgerons d'armes étaient si habiles qu'on attribuait à certains sabres des pouvoirs surnaturels et parfois même un nom. Leur fabrication impliqué non seulement beaucoup d'habilité et de connaissances techniques, mais aussi tout un rituel. Les forgerons priaient, se baignaient et se purifiaient avant de fabriquer certaines lames...
SAGEO EST LA CORDE NOUÉE AU KATANA
Dans le contexte de l'école Muso Shinden Ryu, le sageo est glissé dans le obi sur la partie droite du hara en prenant soin de laisser prendre une partie suffisamment importante pour ne pas entraver la mobilité du saya. Chaque ryu a son approche et parfois des différences apparaissent au sein d'une même école. Le sageo peut être noué côté gauche, glissé derrière le fourreau, enroulé autour du fourreau... Certains styles se passent même du sageo...
RÉPARER LA KOIGUCHI D'UNE SAYA POUR UN IAÏTO
LE HAKAMA L'HABIT TRADITIONNEL DES SAMOURAÏS
Pour l’histoire, le hakama remonte à la dynastie Sui et Tan et fut utilisé par la cour impériale chinoise. C’est à partir de l’an 1185 à 1332, à l’époque Kamakura que les Japonais s’emparent de la tradition. Le hakama devient ainsi un vêtement traditionnel destiné aux hautes couches de la société nippone ainsi qu’aux guerriers samouraïs qui le portent par-dessus un kimono (hakama-shita). Plus tard, le port du hakama s’est généralisé aux différentes couches de la société.
Scène de théâtre nô. Ukiyoe de Kōgyo Tsukioka, XIXe siècle.
Depuis l’ère Edo à ce jour, le hakama se présente sous la forme d’une jupe-culotte à pinces qui remonte au niveau des lombaires et descend jusqu’à la cheville. Celui-ci présente 5 plis sur le devant, 2 plis à l’arrière et un dosseret rigide appelé koshi ita qui assure le bon maintien du dos et un bon placement des hanches.
LA SYMBOLIQUE DES 7 PLIS DU HAKAMA
D’après la légende, les samouraïs qui portaient le hakama ont très vite remarqué que porter ce vêtement a un effet sur leurs attitudes et comportements. Ainsi, selon la pensée japonaise, les 7 plis du hakama symbolisent les 7 vertus du budo, le reflet de la nature du Bushido. À savoir :
JIN (djine) 仁 : bienveillance, générosité.
La bonté ou la bienveillance suppose une attitude pleine d’attention pour autrui, sans considération d’origine, d’âge, de sexe, d’opinion ou de handicap. Le respect permanent des autres avec le souci de les honorer sans jamais leur causer de troubles ou de peines inutiles conduit naturellement à une concorde sociale mutuelle.
GI (gui) 義 : honneur, justice.
Le sens de l’honneur passe par le respect de soi et des autres. C’est être fidèle à sa parole, à ses engagements et à son idéal.
REI (lei) 礼 : courtoisie, étiquette.
La politesse n’est que l’expression de l’intérêt sincère porté à autrui, quelle que soit sa position sociale, au travers de gestes et d’attitudes pleins de respect. Le cérémonial et l’étiquette font partie de l’extériorisation de la politesse.
CHI (tchi) 智 : sagesse, intelligence.
La sagesse est synonyme d’aptitude à discerner en tous lieux et en toutes choses le positif et le négatif, à n’accorder aux choses et aux évènements que l’importance qu’ils ont, sans être aveuglé ni se départir de sa sérénité.
SHIN (chine) 信 : sincérité.
La sincérité est impérative dans l’engagement martial : sans elle, la pratique n’est que simulation et mensonge, tant pour soi-même que pour les autres. L’engagement doit être total, permanent, sans équivoque car nous savons tous que l’illusion ne peut perdurer longtemps devant les exigences et le réalisme de la voie.
CHU (tchū) 忠 : loyauté.
Une valeur en voie de disparition dans notre société contemporaine, alors même que cette valeur est le ciment indéfectible de nos disciplines martiales. Le Budoka s’engage à une fidélité totale et à un respect loyal des règles internes à son école. C’est là le reflet de la rectitude du corps et de l’esprit du pratiquant.
KOH (ko) 孝 : piété.
La piété s’entend ici dans le sens de respect profond et authentique des bases des pratiques martiales, bases techniques, spirituelles, historiques, philosophiques.
COMMENT SUIVRE LA VOIE DU GUERRIER ?
Les qualités dont doit être pourvu un bon samouraï sont les suivantes :
- La bienveillance (仁 Jin)
- Le respect (礼 Rei)
- Le courage (勇 Yū)
- L’honneur (名誉 Meiyo)
- La droiture (義 Gi)
- La loyauté (忠義 Chūgi)
- La sincérité (誠 Makoto)
Pour chacune de ses vertus, on trouve une ou plusieurs maximes qui illustrent son importance. Quand Jôchô YAMAMOTO veut illustrer la bienveillance, il nous raconte combien il est important d’encourager une personne, de louer ses mérites et de la rendre aussi réceptive aux observations que l’homme assoiffé d’eau. Ainsi, on pourra l’aider à s’améliorer via des critiques constructives qui seront écoutées. Il précise que maltraiter quelqu’un est une conduite digne d’un laquais.
Le respect des anciens, le respect de la mort, le respect pour celui que nous avons pour maître est extrêmement important. On le lie à une certaine humilité, bien sûr, qui permet de s’améliorer jour après jour. Nombreuses sont les personnes qui donnent des conseils mais rares sont celles qui les reçoivent avec reconnaissance, et encore plus rares sont celles qui les suivent.
Le courage et l’honneur font parties des vertus les plus souvent citées concernant les samouraïs. Ce sont deux valeurs essentielles pour quiconque doit prendre part à un combat. Et comme le dit l’auteur : le courage, c’est de savoir serrer les dents. Un samouraï qui se décourage ou abandonne face à l’épreuve n’est d’aucune utilité.
En effet, un samouraï doit faire preuve de droiture, de rigueur, et cela à plusieurs niveaux. Il doit s’entraîner toute sa vie. Comme le répétait le maître de la voie du sabre du shogun TOKUGAWA, Yagyu, je suis aujourd’hui meilleur qu’hier, demain je serai encore supérieur. Atteindre l’excellence est une voie, un chemin sans fin qui occupera un samouraï toute sa vie. C’est vrai dans la pratique d’activités martiales, mais c’est applicable à tous les autres champs d’activités d’un samouraï : la calligraphie, la poésie ou la prière.
Pour se parfaire dans un art, il est important de choisir un modèle de qualité. Il pourrait ne s’agir que d’une seule personne, si un être doté d’une telle complétude existait. Hélas, YAMAMOTO considère qu’à l’époque où il dicte ses pensées, aucun samouraï n’est digne de ce statut de modèle. Il propose alors une solution consistant à prendre parmi son entourage celui qui est le plus courageux, celui qui est le plus intègre, celui qui possède le meilleur pouvoir décisionnaire. Et de faire un mélange de ces hommes vertueux, pour se créer un modèle qui mériterait d’être imité. Ainsi, tout un chacun peut devenir le modèle de quelqu’un d’autre, tout le monde peut devenir un maître pour autrui.
La loyauté à ce maître ne doit souffrir d’aucune faille. Il est même dit qu’il est plus méritoire de mourir pour son maître que d’abattre un ennemi. C’est un principe qui va de paire avec la sincérité et qui permet de mesurer la dignité d’un homme. Quelqu’un de sincère et de loyal peut être qualifié de digne.
Ces 7 qualités essentielles servent de fondement à un samouraï digne de ce nom. Elles sont accompagnées d’autres valeurs telles que l’écoute, le soin de son apparence, l’intelligence acquise via la conversation, et le rejet de vices inhérents à ces temps d’inaction : l’alcool, le jeu, l’arrogance ou la luxure.
C’est donc le profil d’un guerrier parfait qui se dessine au travers du Hagakure. Mais un samouraï est avant tout un combattant, formé à affronter l’adversité. Et c’est pour cette raison qu’il se doit d’apprendre à accepter la mort.
LE HAKAMA : UN SYMBOLE DE RANG
Avant la Seconde Guerre mondiale, le port du hakama était obligatoire dès la première pratique des kobudo et des gendai-budo (les arts martiaux modernes). Toutefois, après les périodes de guerre et la pauvreté généralisée qu’elles engendrent, le port du hakama ne fut plus obligatoire durant les premières années de pratique.
LE HAKAMA DANS LA PRATIQUE DES ARTS MARTIAUX
Avec l’influence occidentale, mais aussi pour des raisons pratiques, le hakama est devenu un vêtement essentiellement porté par les pratiquants de certains arts martiaux à partir du 3e grade (Kyu) ou du 1er kyu en fonction des écoles. Autrement dit après 3 ans ou 5 ans de pratique assidue. Généralement, il est porté pour la pratique de l’aïkido, le kinomichi, le jiu-jitsu (dans les ko ryu), le sumo et plus rarement le judo. Notons que les lutteurs de sumo ne portent pas de hakama en compétition, mais doivent se vêtir de cette tenue traditionnelle lors des cérémonies officielles. Dans ce contexte, il est fabriqué en coton, en soie ou en polyester et parfois même dans un mélange des trois fibres. Notons que dans la pratique martiale, le hakama est appelé keikobakama qui signifie littéralement hakama d’entraînement. Ce hakama destiné à la pratique des arts martiaux est un hakama umanori avec jambes séparées. Néanmoins, certaines écoles optent pour le nobakama. Il s’agit d’un hakama avec des sections de jambes plus étroites afin d’offrir une plus grande liberté de mouvement.
Athlète Svetlana Druzhinina, femme pratiquant l'aikido
En ce qui concerne la couleur du hakama, elle dépend généralement de la discipline. Entre autres, dans certaines écoles, le shodan et le grade au-dessus doivent toujours porter un hakama bleu, alors que les shihan, kyoju dairi et shibucho porte un hakama noir. De même, le hakama d’aïkido est toujours uni, de couleur noir, indigo aizome ou bleu marine. Tandis que le hakama sera blanc ou à imprimés à rayures pour laïdo. En Kendo, il se porte dans sa couleur noir ou navy en fonction du dojo. Les débutants, les femmes et les enfants peuvent porter le hakama blanc. Néanmoins, il faut savoir que la plupart des écoles ko-ryu ont une approche très souple en termes de couleurs. En Toda-ha Buko-ryu, la hakama se porte blanc, bleu ou noir. Tandis qu’au Shinbukan de Kuroda sensei, toutes les couleurs sont autorisées. Par contre, quelle que soit la discipline et l’école, le senseï ou l’instructeur doit toujours porter un hakama gris.
Il est à noter que pour la pratique des arts martiaux japonais, le hakama doit se nouer sur le devant au-dessus des ceintures kaku obi à l’aide d’un nœud.
COMMENT NOUER LE HAKAMA ?
Au pays du soleil levant, nouer son hakama est un véritable rituel avec des codes à respecter. En effet, on ne noue pas son pantalon plissé de n’importe quelle manière, et plus particulièrement pour la pratique d’un art martial. Mettre un hakama est un moment important qui demande une certaine forme de concentration et qui nécessite de suivre des règles strictes.
Tout d’abord, il faut enfiler le vêtement en veillant à bien positionner les jambes du côté droit et du côté gauche. Ensuite, il est important de bien positionner les 5 plis sur l’avant. Une fois fait, on saisit les deux longues lanières de fixations avant ou brins et on les place contre le ventre un peu au-dessus de l’obi. Une fois fait, les lanières doivent faire le tour de la taille puis croiser une première fois sur l’avant pour se nouer à l’arrière au-dessus de la ceinture.
On saisit maintenant les lanières courtes et on place le dosseret contre son dos. Ensuite, il faut passer les lanières sous la lanière déjà attachée au-dessus de la ceinture puis on le croise sur le devant. La prochaine étape consiste à passer la lanière du dessus sous toutes les autres et nouer les extrémités. Lorsque c’est fait, on ramène les longues lanières une nouvelle fois à l’avant où elles sont recroisées en dessous de l’ourlet en veillant bien à ce que la lanière droite soit bien sous la gauche. On fait un premier nœud à boucle pour créer le dernier nœud Jumonji himo musubi. Il s’agit d’une sorte de nœud en forme de croix.
LE HAKAMA : LE PLIAGE TRADITIONNEL
Comme tous les types de vêtements traditionnels japonais, le hakama doit être traité avec la plus grande précaution notamment à cause des plis et des sangles. Ceci, non seulement afin de lui assurer une bonne tenue dans le temps, mais aussi parce que le hakama représente un symbole d’engagement très fort. Ainsi, le pliage du hakama doit se faire dans les règles de l’art. Dans les disciplines japonaises où le port du hakama est nécessaire, l’apprentissage du vêtement est considéré comme une partie importante de l’étiquette.
Concrètement, le pliage du hakama suit un certain formalisme et doit respecter un bon nombre de règles. Parmi ceux-ci, il est formellement interdit de tourner le dos du hakama au kamiza. Autrement dit, le mur sur lequel est généralement accroché le portrait du fondateur de l’art pratiqué. De même, le hakama doit toujours être placé sur le sol.
QU’EN EST-IL DU PLIAGE ?
En ce qui concerne le pliage à proprement parler, le hakama étant un vêtement très symétrique, il faudra le replier en veillant à conserver l’équilibre de la partie droite et gauche. Concrètement, le pliage se présente comme suit :
- Poser le hakama à plat sur le sol en s’assurant que les deux plis à l’arrière soient bien respectés ;
- Mettre les plis à l’avant bien en place ;
- Rabattre le côté droit sur toute sa longueur de telle sorte que le hakama fasse un angle droit avec le bas tout en veillant à ce que le rabas soit bien net pour éviter les faux plis ;
- Rabattre le côté gauche sur toute sa longueur de la même manière que le côté droit afin de former un long rectangle ;
- Plier le hakama en partant du bas vers le haut en plusieurs étapes régulières pour obtenir un carré ;
- Plier les grandes sangles de manière à obtenir une bande de la même longueur que le carré ;
- Croiser les bandes ;
- Recouvrir avec la courte bande droite ;
- Passer la sangle courte sous le croisillon ainsi que la sangle courte de gauche ;
- Reprendre la sangle de droite puis la passer sous la sangle longue de droite ;
- Refaire la même étape avec la sangle gauche ;
- Rabattre la sangle de droite de manière à ce qu’il soit dans l’axe de la sangle longue ;
- Repasser la sangle droite rabattue sous l’ensemble de la tresse ;
- Répéter l’action avec la sangle gauche ;
- Glisser la partie de la sangle droite restante dans le passant créé en veillant à entourer la sangle longue gauche ;
- Faire la même chose avec la sangle gauche restante.
HOW TO TIE THE OBI
ANDRÉ COGNARD - AIKIDO
SEVEN SAMURAI : DIRECTED BY AKIRA KUROSAWA WAS RELESED IN 1954 (VO)