Zanshin ou l’esprit du geste, est un concept que l’on retrouve dans le Zen, le Budo (arts martiaux japonais) et de nombreux arts japonais tels que l'ikebana (arrangement floral), le chado (la cérémonie du thé) et le sumi-e (peinture à l’encre noire).
Zanshin est un état d’être où l'esprit est totalement vigilant et pleinement conscient de son environnement. L'esprit n’est attaché à rien et est totalement présent dans chaque geste, ici et maintenant.
Tout est interconnecté et le cosmos entier est influencé par notre attitude — tous les mots que nous prononçons, toutes les actions que nous prenons, et tous les mouvements que nous faisons influencent ce qui se passe à l'intérieur de nous et autour de nous.
Chaque action et chaque pensée dans ici et maintenant doivent être justes et harmonieuses. Il n’y a pas d’action qui soit futile: manger, s'habiller, se laver, aller aux toilettes, déposer un objet, interagir avec quelqu’un - toutes ces actions sont importantes et doivent être faites avec pleine conscience, pleine présence… avec Zanshin.
Quand je mange, je mange. Mon esprit est pleinement engagé sur l'action de manger. Quand je me bats, je me bats. Mon esprit est pleinement engagé sur l'action de combattre. Je suis ici et maintenant, totalement immergé dans la tâche à accomplir, et je vais terminer ce que j'ai commencé.
Quand je mange, je mange. Mon esprit est pleinement engagé sur l'action de manger.
Dans les arts martiaux, Zanshin signifie être conscient de son environnement et de son ou ses ennemis, tout en étant prêt à réagir intuitivement. C'est un état d'esprit qui prend de nombreuses années à développer.
Par la pratique de Zazen et du Budo, peu à peu, ce genre de vigilance peut s'étendre à tous les actes de la vie quotidienne, et à la fin, on se rend compte qu'il n'y a pas de moments ordinaires.
Zen & arts martiaux Japonais
Le Zen eu une forte influence historique sur le développement des arts martiaux au Japon. Sans comprendre l'esprit du Zen, on peut difficilement réussir à comprendre toute l'ampleur de la philosophie des divers arts martiaux. On dit même que le Zen est l'esprit des arts martiaux, puisque pratiqué dans le même optique.
Le Zen et les arts martiaux ont la même saveur, la même essence, ainsi, les influences du Zen se sont répercutées sur les Samouraïs, le Kenjutsu, le Kendo, le Jujutsu, le Judo, l'Aïkido ou le Karaté, pour ne nommer que ceux-ci. Leurs traits communs sont des plus évidents.
La concentration en temps réel et l'extériorisation de l'énergie permettent de gérer les situations, de leurs trouver des solutions pour finalement, refaire le plein. Dans les arts martiaux tout comme dans la pratique du Zen, il faut apprendre à atteindre cet état d'Éveil en pénétrant les phénomènes et par le fait même, apprendre à pénétrer la vie, dirigeant ainsi l'esprit et canalisant adéquatement les énergies.
Le Zen et les arts martiaux ont la même saveur, la même essence (…)
L'ensemble des arts martiaux japonais porte le nom de « Budo ». C'est ce dernier qui est parvenu à approfondir directement la relation entre la religion, la philosophie et l'éthique propres tant pour le Zen que pour les arts martiaux. Le « Budo » concerne particulièrement la réflexion sur la nature du soi ainsi que sur la culture mentale.
La philosophie de cet ensemble d'arts martiaux ne se limite pas à savoir qui sera le vainqueur mais plutôt de comprendre que c'est en trouvant la paix intérieure et la maîtrise de soi que l'on parvient à une forme d'Éveil.
En somme, le « Budo » permet d'identifier sa propre nature personnelle et d'émerger de la torpeur engendrée par la démesure de l'égo, l'aveuglement hystérique. Dans le même optique que le Zen, la connaissance approfondie du soi y est recherchée, de même que la paix intérieure.
Si un sujet voue de la haine et mépris à son adversaire et qu'il laisse paraître son émotion, son combat est perdu d'avance. Si en revanche il « caresse » son adversaire des yeux, de façon bienveillante, tout en gérant son énergie positivement, il le remportera assurément.
Le Bouddha Gautama lui-même pensait que pour retrouver un bon comportement, il devait d'abord y avoir un équilibre entre deux facteurs inverses : tension et relaxation, pessimisme et optimisme, passivité et activité. Son enseignement le plus élémentaire : « Ne faites pas le mal, faites le bien », traduit bien l'approche adoptée envers les arts martiaux et ce, en lien direct avec le Zen.
Hishiryo
Hishiryo est un état d'esprit au-delà de la pensée et de la non pensée. Pendant Zazen, c'est la condition normale de la conscience.
Durant Zazen, la conscience n'est pas la même que dans la vie quotidienne. Pendant Zazen, nous avons des pensées qui apparaissent et disparaissent naturellement, cela est parfaitement normal. Si nous laissons ces pensées aller et venir librement, sans donner forme à celles-ci, sans vouloir les chasser, l'intellect devient paisible et la conscience Hishiryo apparaît, au-delà de la pensée et de la non pensée.
Lorsque vous pensez constamment, vous n'êtes pas dans un état d’esprit normal. Lorsque votre imagination et vos désirs personnels s'expriment constamment à votre esprit, vous vous éloignez de l’état originel de simplicité et de paix intérieure qu’on appelle Satori.
Plus votre mental intervient dans votre vie, plus vous devenez apeuré et anxieux, ne vivant plus dans le moment présent, mais dans le passé ou le futur. À la longue, des complications d’ordres psychologiques peuvent même en découler.
Quand on pense trop, conflits et batailles s'emparent de votre esprit, vous empêchant de trouver la paix véritable et l’harmonie avec la réalité et avec l'Univers dans son ensemble.
Lorsque vous arrêtez cette activité interne, lorsque vous éteignez votre mental, vous revenez à la condition normale, condition simple, paisible de l'esprit.
Plus votre mental intervient dans votre vie, plus vous devenez apeuré et anxieux [...]
Nous pouvons observer Hishiryo chez les animaux. Les chats sont, par exemple, des créatures très simples. Ils sont faciles à comprendre et ne sont pas compliqués. Un chat fait ce qu'il veut, il est complètement connecté avec le présent, jamais prisonnier de son mental.
Les animaux vivent le vrai Zen, car ils sont totalement connectés avec le moment présent, et par extension, le Cosmos. Ainsi, nous devons les observer afin de s’en servir d'exemples dans notre parcours pour devenir un avec l'Univers.
Hishiryo est la conscience absolu sans égo, dans la pleine unité avec l'Univers entier et comme le Zen, il peut ne peut pas être expliqué, mais elle peut être vécu pendant Zazen, naturellement et inconsciemment.
Fudoshin
Fudoshin c’est l’esprit immuable, l’esprit qui fait face aux défis de la vie avec calme et assurance. Cet état d'équanimité et de contrôle de soi total est essentiel dans la pratique de Zazen et des arts martiaux.
Fudoshin représente un état de paix totale, une détermination inébranlable, une volonté à toute épreuve. C'est l'état d'esprit qui est déterminé à gagner ou plutôt, à ne pas perdre, et qui est rempli de courage, d'endurance et de détermination afin de surmonter tous les obstacles qui viennent vers soi. Fudoshin est associée à un sentiment d'invincibilité, à un esprit qui ne peut être perturbé par l’hésitation, le doute ou la peur.
Dans le Japon féodal, Fudoshin fut incontestablement incarné par le Samouraï et son courage et sa détermination légendaire face aux difficultés, au danger, à la douleur, et même la mort. Le Tsukahara Bokuden, illustre Samouraï dit: le calme mental, et non pas l’habileté à manier le sabre, est le signe d'un samouraï mûri.
D'un point de vue occidental, le concept du guerrier pacifique (Samurai, Bushi) sans colère, sans rage, peut être assez difficile à comprendre et à accepter. On peut difficilement réconcilier l’idée de combat à un esprit paisible et calme, mais cet état d'esprit qui est l'essence du Samouraï est aujourd'hui l'essence même des arts martiaux japonais comme le kendo, le judo ou le karaté.
Fudoshin est associée à un sentiment d'invincibilité, à un esprit qui ne peut être perturbé par l’hésitation, le doute ou la peur.
Dans notre vie quotidienne, Fudoshin est la protection contre les "shikai" ou quatre maladies de l'esprit: la colère, le doute, la peur et la surprise. Grâce à la pratique rigoureuse de Zazen, les pratiquant apprennent implicitement à se "centrer" et à clarifier leur esprit et à ainsi développer un esprit Fudoshin.
En cette ère d'actes de violence aveugle, de rage au volant, de violence domestique et autres pertes de maîtrise de soi, il est facile de voir comment le développement de Fudoshin peut rendre la vie de tous meilleure.