Pierre Fromentin: Ceux qui sèment

Ce film, réalisé par un groupe d’étudiants, est une mine d’informations qui nous fait voyager et nous montre toute la diversité des agricultures familiales et paysannes à travers le monde. Ce tour d’horizon est une invitation au dépaysement qui soulève des questions et invite à la réflexion sur l’emploi, la sécurité alimentaire et l’environnement.

Mais quelle est donc cette agriculture familiale qui emploie plus de 40% des actifs du monde et produit 80% de l’alimentation mondiale ? Et à quelles conditions peut-elle répondre aux enjeux de demain?

40 étudiants en agronomie ont choisi d'y répondre en réalisant ce film documentaire.

En passant par l’Inde, la France, le Cameroun, l’Équateur et le Canada ce film évoque les avantages ainsi que les limites associés au caractère familial de l’agriculture.

Le projet de création de ce film est né en 2014 sur les bancs de l’école d’agronomie de Montpellier. L’idée était de se servir des stages de fin d’études, réalisés aux quatre coins du monde, pour illustrer la diversité des agricultures sur toute la planète. Puis l’objectif s’est transformé pour essayer de décrire ce qu’est, et ce que n’est pas l’agriculture familiale, quels sont ses atouts et ses limites, et quels sont les phénomènes qui menacent ce type d’agriculture. Au fur et à mesure des discussions et des rencontres avec les agriculteurs, les réalisateurs ont cherché à décrire plus précisément une des formes de l’agriculture familiale que l’on appelle l’agriculture paysanne.

Une invitation au voyage et à la réflexion, pour un public de tout âge et tout horizon.

Comment vont les sols en France ?

Les sols sont globalement très pauvres, notamment dans les régions les plus soumises à l’agriculture intensive. Un sol est riche lorsqu’il contient plus de 4 % de matière organique. Or, dans les grandes plaines céréalières, on est autour de 2 %. Il y a plusieurs niveaux de dégradation d’un sol, et le premier, c’est quand la faune y est moins nombreuse, quand la vie qui s’y développe devient plus faible. Certaines terres agricoles ont désormais 100 kilos de vers de terre à l’hectare, contre 2 tonnes sur les terres gérées durablement.

Au deuxième niveau de dégradation, la faune et les vers disparaissent, et l’équilibre chimique de la terre aussi, car ce sont la faune et les vers qui remontent vers la surface les éléments comme le calcium, le fer, etc., et permettent à la terre de « respirer ». Beaucoup d’éléments, tels les nitrates NO3, « descendent » dans les nappes phréatiques et les rivières, et les polluent. A cela s’ajoute le fait que les tracteurs, en passant régulièrement sur la terre et en la labourant, la compactent encore davantage. Sans oublier, bien sûr, les intrants chimiques. On aboutit à des situations spectaculaires : certains sols des vignes françaises ont la même activité biologique que des sols du Sahara.

Quelles sont les conséquences de cette transformation ?

La première conséquence est la baisse des rendements, car la terre ne nourrit plus la plante. La solution utilisée depuis des décennies a bien sûr consisté à fertiliser la terre avec des intrants chimiques. Cela a accéléré la mort de la faune, que ce soit dans la terre ou autour, comme le montre la chute dramatique du nombre et des espèces d’insectes. On fertilise la terre, mais on ne la rend pas pour autant fertile, puisqu’on n’apporte plus de matière organique (excréments, compost, paille, végétaux morts…), seulement des produits chimiques qui épuisent progressivement les sols.

L’autre conséquence majeure est moins connue, il s’agit de la gravité des inondations. Dans une forêt, un sol peut absorber 150 millimètres de pluie par heure. En revanche, un sol de la plaine céréalière de la Beauce n’absorbe que 1 millimètre de pluie par heure. C’est à peine mieux que du goudron. L’eau ne s’infiltre plus, et donc la terre ne filtre plus l’argile présente naturellement dans l’eau de pluie. Ce qui rend l’eau érosive. La force érosive de l’eau est liée au carré de sa densité. L’eau pure a une densité de 1, elle n’est donc pas érosive. Mais, chargée d’argile en suspension, cette eau augmente sa densité et va pouvoir soulever du limon, puis du sable, puis de la terre, puis des rochers, puis des voitures, puis des maisons… Les inondations étaient beaucoup moins destructrices auparavant. La terre épongeait davantage, et l’eau qu’elle ne parvenait pas à garder avait été filtrée : les inondations « mouillaient », mais détruisaient beaucoup moins.

A qui la faute ?

Après la guerre, les pays développés se sont lancés dans une course à la productivité, mais sans jamais considérer les sols comme une richesse, simplement comme un facteur de production. Les agriculteurs ont leur part de responsabilité, mais ils ont été beaucoup encouragés par les pouvoirs publics et par des représentants agricoles surtout soucieux d’augmenter leur production à court terme et de dégager des revenus conséquents. La FNSEA [principal syndicat agricole, NDLR] a fortement soutenu ce processus, dans lequel quelques grandes multinationales ont pris leur place, pour vendre à la fois les semences et les intrants chimiques.

Avant les deux guerres mondiales, beaucoup de paysans pratiquaient la polyculture. Ils entretenaient un équilibre agro-sylvo-pastoral : leurs parcelles étaient séparées par des haies et des arbres, dont on se servait pour protéger les champs et les nourrir (feuilles, déchets). Ils se servaient du fumier de leurs propres bêtes pour fertiliser leurs champs… et utilisaient en retour les céréales et la paille qu’ils produisaient eux-mêmes pour les animaux. On a progressivement spécialisé les territoires et invité les paysans à pratiquer la monoculture. Aujourd’hui, les céréales sont dans la Beauce, les animaux en Bretagne, et les forêts dans les Landes. Les agriculteurs s’achètent et se revendent ce qu’ils produisaient eux-mêmes autrefois, mettant sur les routes des camions qui émettent des tonnes de CO2.

Est-on capable de restaurer un sol très dégradé ?

Cela prend du temps, mais c’est possible. Nous accompagnons des agriculteurs dans la mise en place d’une technique agricole qui respecte les sols : le semi-direct sous couvert. Pour faire simple, cela consiste à ne jamais laisser le sol nu, en semant, après chaque culture, un couvert végétal qui va venir nourrir la terre. La technique évite de labourer. Quand on sait que labourer 1 hectare émet une tonne de CO2, c’est une bonne affaire pour la planète. D’autant que le couvert végétal qu’on sème absorbe du CO2. Par ailleurs, les végétaux et la faune qui reviennent dans la terre évitent que les minéraux du sol descendent dans les nappes phréatiques et les rivières.

En une quinzaine d’années, on peut faire revivre un sol passablement fatigué. Mais la technique est controversée parce que certains utilisent du glyphosate pour se débarrasser du couvert végétal avant une nouvelle plantation. Pourtant il existe des techniques pour casser le couvert sans intrant. Le principal frein est évident : cette technique utilise moins de pétrole, et peu d’intrants. Elle n’intéresse donc pas l’industrie agro-chimique. Le second frein, c’est la baisse des rendements au début de la conversion. Les premières années, le sol est encore pauvre, et est très sollicité par les cultures, le couvert végétal, et les vers de terre qui reviennent. Une fois que le sol est riche, les rendements progressent de nouveau. Il faut donc que la puissance publique accompagne cette période de baisse de rendements. C’est pour cela que nous sommes inquiets pour l’avenir des sols : réparer ce patrimoine va coûter très cher. Article de Claude et Lydia Bourguignon

Elles sèment le monde de demain

Au cœur de la région des Grands Lacs, la République démocratique du Congo et le Burundi sont deux pays parmi les plus pauvres du monde. Ils sont marqués par un processus démocratique en panne et des violences récurrentes mais aussi l’insécurité alimentaire qui touche plus de 70 % de la population.

Ici, comme dans une très large partie de l’Afrique, l’agriculture est le principal secteur de l'économie et ce sont les femmes qui assurent l’essentiel de la production alimentaire. Malgré leur rôle capital, celui-ci commence seulement à être valorisé dans l’intérêt de la société tout entière, hommes, femmes et enfants.

«Elles sèment le monde de demain» dresse le portrait de Générose, Christine et Germaine, trois femmes en marche vers leur émancipation.


Les exploitations agricoles au Sénégal?



Michael Moore Presents: Planet of the Humans

Centrales à biomasse, panneaux solaires, voitures électriques... Dans « Planet of humans », dont il est producteur, le cinéaste engagé Michael Moore déboulonne le mythe des énergies vertes. Mais il est critiqué par de nombreux écologistes. Disponible gratuitement en ligne, le documentaire montre que « la seule énergie propre, c’est de consommer moins d’énergie ».


Pierre Rabhi: L'agro-écologie, une éthique de vie

L’agroécologie est une technique inspirée des lois de la nature. Elle considère que la pratique agricole ne doit pas se cantonner à une technique, mais envisager l’ensemble du milieu dans lequel elle s’inscrit avec une véritable écologie. Elle intègre la dimension de la gestion de l’eau, du reboisement, de la lutte contre l’érosion, de la biodiversité, du réchauffement climatique, du système économique et social, de la relation de l’humain avec son environnement… Elle est basée sur la recréation de l’humus comme force régénératrice des sols et sur la relocalisation de la production-transformationdistribution-consommation comme élément moteur d’un nouveau paradigme social.


La Permaculture pour l'agriculture en climat tempéré

L'approche holistique et systémique de la permactulture vise tout d'abord à faire en sorte que l'écosystème de votre micro-ferme soit soutenable et s'auto-fertilise. Dès que le design est implémenté, commence une phase de fertilisation pendant laquelle le sol va devenir de plus en plus fertile, en développant une diversité biologique qui va lui permettre de vivre "par lui-même". Rapidement, on peut voir la micro-biologie du sol se développer et se mettre à fonctionner pour fournir tout ce dont vos plantes auront besoin pour prospérer. La Permaculture, en mimant les écosystème naturels, dans leur diversité et leur résilience, stimule la vie dans le sol, qui est la clef de la fertilité.

Ni pollution, ni pétrole, ni pesticide

La permaculture apporte des réponses détonantes aux critiques faites à l’agriculture conventionnelle. Elle permet de cultiver beaucoup sur une petite surface, le tout en créant de véritables éco-systèmes cohérents et auto-fertiles. En Australie, en Autriche et en Amérique du Nord les exemples se sont multipliés ces dernières années. Oui, mais cette permaculture permet-elle aux agriculteurs de vivre convenablement de leur travail ? Une première étude réalisée sur le sujet en France vient d’être publiée par le Sad-apt (un laboratoire commun à l’Institut national de recherche agronomique (Inra) et l’école Agro Paris Tech). Ses chercheurs se penchent en effet depuis deux ans sur la célèbre ferme du Bec Hellouin, référence nationale du « maraîchage biologique permaculturel ». Et les résultats sont « assez exceptionnels », décrit François Léger, directeur du Sad-apt.

Du travail et un revenu pour une personne

Les légumes produits sur la ferme en 2012 - où la météo a été particulièrement médiocre - montrent que l’on peut réaliser au moins 32 000 euros de chiffre d’affaires pour 1400 heures de travail sur une surface cultivée d’environ 1000 mètres carrés. Notons que cette surface équivaut à six terrains de volley-ball, ou à un septième de terrain de football, et que la taille moyenne des exploitations agricoles françaises est de 55 hectares, soit 550 fois plus. Les auteurs de l’étude se sont également essayés à une estimation de la marge réalisée sur l’année - décompte fait des charges (faibles pour ce type d’exploitation) et des investissements initiaux - et aboutissent à 14 130 euros pour l’année, soit l’équivalent du Smic. « Il s’agit de premiers travaux mais cela confirme l’intuition du départ qui est qu’une petite surface de 1000 mètres carrés permet de créer une activité à temps plein rémunératrice pour une personne. C’est très encourageant pour nos recherches sur l’agriculture en périphérie des villes », décrypte Francois Léger.

Le cofondateur de la ferme, Charles Herve-Gruyer, va encore plus loin dans un texte publié dans le cadre de cette étude : « S’il est possible de produire sensiblement autant de légumes sur 1 000 m2 que sur un hectare, cela libère de l’espace agricole qui peut être consacré à planter des arbres fruitiers, des haies, élever des animaux, installer des mares pour l’irrigation et l’aquaculture, des ruches, un éco-habitat pour le paysan, etc. Ceci permet d’imaginer des micro fermes qui couvrent l’ensemble de leurs besoins en matière organique et sont donc résilientes et autonomes. » Un rêve réalisable ? Le laboratoire va poursuivre ses travaux pour évaluer la reproductibilité de l’expérience du Bec Hellouin et mesurer le lien entre efficacité économique et durabilité écologique, annonce Francois Léger qui précise « nos travaux sont déjà regardés avec de plus en plus d’attention dans le monde agricole mais il y a encore tout un tas de gens qui ont réalisé des expériences tout à fait intéressantes et restent pour l’instant méconnues en France ».

Téléchargez l’étude complète ci-dessous ↓


Langouët notre projet collectif d'autonomie alimentaire

A l’ombre des grandes villes, les initiatives des petites communes foisonnent. Entre Rennes et Saint-Malo Langouet est l’une de ces communes qui sèment et cultivent des idées nouvelles : sociales, environnementales, citoyennes…

LE CONTEXTE
Langouët, commune rurale engagée depuis 15 ans dans la transition écologique, conduit actuellement avec succès un programme d’habitat social 100% circulaire. Langouet est une commune Zerophyto, avec une cantine 100% BIO, des logements sociaux à très hautes performances écologiques, une pépinière de l’ESS, et une production d’énergies renouvelables qui couvre les besoins communaux.
Langouët accueille actuellement une maison démonstrateur bioclimatique à structure Bois, BIOCLIM HOUSE, qui est zéro carbone, zéro énergie et zéro déchet.

Notre ambition est de lier habitat écologique et production alimentaire avec la permaculture pour que chacun, quels que soient ses moyens, puisse subvenir à ses besoins alimentaires avec des produits sains.

L'IDEE
Une ferme rurale en permaculture à but pédagogique qui éveille ses visiteurs à la permaculture en montrant des solutions simples pouvant répondre à diverses problématiques modernes (production alimentaire saine et abordable, gestion des déchets, recyclage, pollution, gestion de l’eau...)
Cette ferme est un centre de ressources qui regroupe ce qu’il nous faut pour bien comprendre ce qu’est la permaculture et comment l’appliquer chez nous avec succès.

LE PROJET
Consciente que l’ambition d’une autonomie alimentaire pour tous ne peut se réaliser sans une animation spécifique, la commune lance un projet structurant à trois dimensions :
- Un centre de ressources et de formation à la permaculture.
- Un lieu d’expérimentation et de création de jardins en permaculture.
- Une Station météorologique.

A travers cette campagne, la commune de Langouët souhaite promouvoir le développement collectif d'une alimentation saine pour tous au travers de la permaculture.

Et nous vous invitons à nous rejoindre dans cette action en apportant votre contribution financière à ce projet.

Ce projet est ouvert au financement participatif citoyen à hauteur de 25 000 €.
Vous pouvez prêter entre 50 et 2000 € à un taux de 1,8% brut/an sur 6 ans.

Nos réalisations

De nouveaux habitants viennent vivre à Langouët juste pour elles. Des cars de visiteurs, des délégations, des journées d’études viennent très régulièrement jusqu’ici, parfois de régions très éloignées, pour voir, se rendre compte, comprendre comment faire… De grands médias (presse, télévision, …) se déplacent pour leurs reportages : TF1, Libération, La Point, TV Rennes-35, émissions internet …